LES EFFETS DE LA LIDOCAINE ET DES GELÉES K-Y SUR LE MAL ET L’ENROUEMENT DE GORGE,ET LA TOUX APRES UNE ANESTHESIE ENDOTRACHEALE

Doukumo DM*
Faponle AF†
Bolaji BO‡
Adenekan AT†
Olateju SOA†

*Departments of Anaesthesia, Obafemi Awolowo University Teaching Hospital, Ile-Ife, Nigeria, †Departments of Anaesthesia, Obafemi Awolowo University, Ile-Ife, Nigeria, ‡Department of Anaesthesia, University of Ilorin, Ilorin, Nigeria.
E-mail: tonieadenekan@yahoo.com

*Correspondence: Dr A.T. Adenekan.
Subvention de soutien: Aucune
Conflit d'intérêts: Aucun

RESUMÉ

Introduction : L’intubation trachéale pour l’anesthésie générale est souvent associée à un mal de gorge, un enrouement et une toux postopératoires, ce qui peut être pénible pour les patients. Nous comparons les effets de la lidocaïne et des gels K-Y sur le mal de gorge, la toux et l’enrouement de la voix après une anesthésie endotrachéale.

Méthode : Quatre-vingt-douze patients ASA I ou II prévus pour une intervention chirurgicale non-urgente sous anesthésie générale endotrachéale sont par hasard répartis en deux groupes. Les sondes trachéales des groupes sont lubrifiées avec soit 2% du gel lidocaïne (GL) ou du gel K-Y (GKY) et les patients sont interviewés à 1, 12 et 24 heures post-détubage.

Résultats : Les moyennes pour le mal de gorge sont faibles dans le groupe GKY par rapport au groupe GL mais ceci n’est seulement significatif statistiquement qu’à 12 heurs (p = 0,02). Les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux sont aussi basses dans le groupe GKY par rapport au groupe GL mais celles-ci ne sont pas significatives. Pendant que l’incidence du mal de gorge est semblable entre les deux sexes dans le groupe GL, elle est élevée chez les femmes (55,6%) que chez les hommes (18,8%) dans le groupe GKY (p= 0,02). Alors que chez les patients de plus de 30 ans, les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux sont similaires dans les deux groupes, chez les patients de moins de 30 ans, il y a des différences significatives (p = 0,01 et 0,02 respectivement). L’incidence des effets secondaires est similaire dans les deux groupes quelque soit la durée de l’intubation.

Conclusion : Le gel K-Y est supérieure au gel lidocaïne dans la prévention du mal de gorge postopératoire et dans la réduction des cas d’enrouement et de toux. Les maladies postopératoires liées à la gorge sont plus courantes chez les femmes que chez les hommes.

Mots clés : Gel lidocaïne, Gel K-Y, intubation trachéale, Complications postopératoires, Mal de gorge, Enrouement, Toux.

INTRODUCTION

Malgré les développements en anesthésie et en chirurgie, les interventions chirurgicales sérieuses sont encore associées à des séquelles postopératoires indésirables1. Celles-ci représentent un aspect négatif important des soins chirurgicaux, ce qui d’une manière non négligeable peut réduire la confiance du patient dans le système de santé1. Certaines de ces séquelles postopératoires sont issues de l’intubation endotrachéale2 qui fait partie intégrante de la pratique anesthétique visant à protéger les voies respiratoires de la régurgitation et de l’aspiration et fournir un moyen de ventilation. Le mal de gorge, la toux et l’enrouement postopératoires sont des séquelles courantes, inconfortables et pénibles après l’intubation endotrachéale2. L’irritation de la gorge lors d’une incision abdominale ou thoracique peut être très pénible surtout en situation d’analgésie inadéquate, car toute tentative de tousser provoque une douleur sévère.

On postule que ces effets sont dus à une blessure de la muqueuse avec l’inflammation qui en résulte causée par l’instrumentation des voies respiratoires ou par les effets irritants des objets étrangers comme les sondes endotrachéales dans les voies respiratoires3. Les parties des voies respiratoires touchées incluent le pharynx, le larynx et la trachée. Le mal de gorge et l’enrouement dans les premières 24 heures après l’intervention chirurgicale sont parmi les complications les plus courantes de l’intubation endotrachéale4. Edomwonyi et ses collègues5 rapportent que 63% de la population générale d’adultes en intervention chirurgicale ont des complications postopératoires liées à la gorge. Kolawole et Ishaq1 rapportent une incidence élevée (72.5%) des complications postopératoires liées aux voies respiratoires parmi la population en obstétrique et en gynécologie. Un nombre d’études montre que différents facteurs corroborent dans l’incidence de ces complications6-9. Ces facteurs incluent : l’âge, le genre, la saison, les médicaments et les gaz anesthétiques, le nombre de tentatives d’intubation, la durée de l’intubation, la forme et le type de la sonde endotrachéale, le type et la forme du ballonnet de la sonde endotrachéale et le lieu de l’opération. Différentes mesures parmi lesquelles la lubrification des sondes endotrachéales avec différents types de gel sont présentement en train d’être essayés afin d’éviter ou de réduire l’incidence et la sévérité de ces complications liées à la gorge après l’intubation trachéale.

La bétaméthasone, une stéroïde hydrosoluble, utilisée topiquement pour le traitement des lésions inflammatoires de la muqueuse buccale, a été constamment attestée dans la réduction de ces complications des voies respiratoires4,6,7. Cependant, le gel béthaméthasone n’est pas facilement disponible dans notre environnement. 2% du gel lidocaïne hydrochlorure est indiqué pour la prévention et le contrôle des douleurs au cours des procédures chirurgicales. C’est largement disponible et souvent utilisé pour la lubrification des sondes endotrachéales avant l’insertion, mais, utilisé en forme de gel, il ne s’avère pas très utile dans la prévention des complications postopératoires liées à la gorge2,10. Des études ont cependant révélées que la lidocaïne intraveineuse et la lidocaïne spray réduisent ces complications7,11,12. Le gel K-Y est à base d’eau ; c’est un lubrifiant hydrosoluble qui est biologiquement inerte et ne contient pas d’additives de couleur ou de parfum. Le gel K-Y est largement utilisé dans la pratique médicale puisqu’il ne tache pas et se nettoie facilement. Les gels lidocaïne et K-Y sont facilement disponibles dans la plupart des services de santé au Nigéria et sont utilisés interchangeablement pour la lubrification des sondes endotrachéales avant insertion.

Pour le mieux qu’on sache, il n’y a présentement aucune étude de la sous-région ouest africaine qui compare directement l’influence de ces deux lubrifiants sur l’incidence et la sévérité du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux postopératoires. Cette étude cherche à comparer les effets des 2% des gels lidocaïne et K-Y sur l’incidence et la sévérité du mal de gorge, de la toux et de l’enrouement après une anesthésie endotrachéale. C’est une étude de nature prospective, randomisée, en double aveugle menée dans un centre hospitalier universitaire sur une période de quatre mois dans une ville semi-urbaine au sud-ouest du Nigéria.

LES PATIENTS ET LA MÉTHODE

Quatre-vingt douze patients adultes consentants à statut physique ASA I ou II prévus pour une intervention chirurgicale non-urgente sous une anesthésie générale endotrachéale au centre hospitalier universitaire d’Obafemi Awolowo à Ile-Ife, Nigeria, sur une période de quatre mois, sont recrutés pour l’étude. Les patients avec une infection dans la partie supérieure des voies respiratoires ou avec un antécédent préexistant de mal de gorge, d’enrouement et de toux, ceux sous une thérapie stéroïde et ceux avec une sonde gastrique ou un pack pharyngé inséré sont exclus. Aussi exclus sont les patients dans les catégories suivantes : intervention chirurgicale prolongée (d’une durée de plus de 240 minutes), intubation nasotrachéale, intubation difficile anticipée, besoin d’une rapide induction séquentielle ou re-intubation, intervention chirurgicale de la tête ou du cou, opération en position ventrale ou position gynécologique et les patients à voies respiratoires hyperactives comme les asthmatiques et les fumeurs.

Après respect des éthiques institutionnels, les patients sont par hasard assignés à deux groupes de 46 patients de chaque en utilisant le bulletin de vote. Dans un groupe, les sondes trachéales sont lubrifiées avec 2% du Gel Lidocaïne (GL) et dans l’autre avec le Gel K-Y (GKY). Les sondes trachéales (Portex ®) à basse pression, à grand volume, à usage unique, en chlorure de polyvinyle (PVC) et munies de ballonnets sont lubrifiées de l’extrémité distale du ballonnet à une distance de 15cm du sommet en utilisant 2,5ml de 2% du gel licodaïne ou du gel K-Y étalé de manière uniforme avec stérilité maintenue. Les formes avec diamètres internes 8,0mm ou 7,0mm sont utilisés pour les patients hommes ou femmes respectivement. Le nom du gel utilisé n’est pas enregistré sur le diagramme anesthétique, mais enregistré séparément avec le code du patient.

L’anesthésie est provoquée avec du sodium thiopental et l’intubation facilitée avec du suxaméthonium intraveineux. L’analgésie est assurée avec 0,5mg/kg de pentazocine ou 0,5 – 1mg/kg de tramadol. Toutes les intubations sont menées par des anesthésistes experts. Le ballonnet de la sonde endotrachéale est gonflé avec l’air juste nécessaire pour éviter une fuite audible. Le positionnement correct de la sonde est confirmé par l’auscultation et la sonde est fermée avec un ruban adhésif. Une canule oro-pharyngée à usage unique (dimension 3 ou 4) est insérée et laissée in-situ tout au long de l’opération. L’anesthésie est maintenue avec l’halothane à 0,5 – 1% de mélange oxygène/air et la relaxation musculaire est assurée avec 0,1mg/kg de bromure de pancuronium intraveineux suivi d’une augmentation de doses comme requis. La ventilation est mécaniquement contrôlée en utilisant Drager Fabius Tiro (Drager Medical, AG and Company KG, 23542 Lubeck, Germany). Un monitorage non-invasif qui inclue l’oxymétrie de pouls, la tension artérielle, l’électrocardiographie et la température est mené sur chaque patient en utilisant un moniteur multiparamètre Dash 4000 (GE Medical System Information Technologies Inc., Wisconsin, USA). A la fin de l’opération chirurgicale, la paralysie neuromusculaire résiduelle est renversée avec une combinaison de 0,05mg/kg de néostigmine et 0,02mg/kg d’atropine, la voie respiratoire est gentiment sucée sous une vision directe et le détubage est effectué après le retour des réflexes protectifs des voies respiratoires du patient et un satisfaisant échange courant spontané. Les patients se remettent dans le service de soins post anesthésie et après sont transférés dans la salle d’observation. Un anesthésiste aveuglé interviewe les patients à 1, 12 et 24 heures post détubage.

Les données recueillies comportent les détails démographiques, les signes vitaux périopératoires, le type d’intervention chirurgicale, la position du patient durant l’opération, le nombre de tentatives d’intubation, la durée de l’intubation, la forme et le type de la sonde utilisée et les médicaments anesthétiques utilisés. D’autres données obtenues sont les symptômes respiratoires spécifiques (mal de gorge, toux et enrouement de la voix) à 1, 12 et 24 heures post détubage et la satisfaction du patient après l’intubation endotrachéale. Les symptômes respiratoires spécifiques sont enregistrés sur une échelle verbale numérique à quatre entrées (Pas de douleur = 0, faible = 1, modérée = 2, intense = 3) et la satisfaction du patient est évaluée sur une échelle verbale à quatre entrées : Pas satisfait, légèrement satisfait, modérément satisfait et très satisfait. Les données sont présentées en fréquences ou totaux proportionnés, en moyennes et en écarts types. Les tests de valeur sont calculés en utilisant le test de distribution khi-carrée pour les données catégorielles et le test t de Student pour les données numériques en conformité avec le SPSS (Statistical Package for the Social Sciences) 16.0 pour Windows. Une valeur p inférieure à 0,05 est considérée statistiquement significative.

RÉSULTATS

Quatre-vingt douze patients ayant satisfaits les critères d’inclusion sont recrus pour l’étude. Six d’entre eux (quatre dans le groupe GL et deux dans le groupe GK-Y) sont exclus de l’analyse ; quatre à cause d’une intervention chirurgicale prolongée, un à cause de l’insertion intra-opératoire d’une sonde gastrique et un autre à cause de l’administration de la lidocaïne au moment de l’induction pour atténuer la réponse hypertensive à la laryngoscopie et à l’intubation. Les caractéristiques démographiques, le nombre de tentatives d’intubation et la durée de l’intubation pour les deux groupes sont similaires comme illustré dans le tableau I. Le point de départ ainsi que les paramètres vitaux intraopératoires des deux groupes sont similaires. Le schéma 1 montre la répartition en sexe et le schéma 2 montre le type d’intervention chirurgicale effectuée sur les patients. La moyenne pour le mal de gorge est généralement inférieure dans le groupe GKY par rapport au groupe GL et la différence est statistiquement significative à 12 heures post-détubage (p=0.02) comme le montre le tableau 2. Les moyennes pour l’enrouement et la toux pour les deux groupes sont similaires.

Le tableau 3 montre les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux. Pour le mal de gorge, l’incidence est généralement faible dans le groupe GKY mais pas de manière significative (p=0,47, 0,05 et 0,24 à 1, 2 et 12 heures respectivement). Cela varie de 20,9% - 34,9% dans le groupe GL et de 11,6 – 23,3% dans le groupe GKY au cours des 24heures d’études. L’incidence maximale pour le mal de gorge est survenue à 1 heure dans le groupe GKY (23,3%) et à 12 heures dans le groupe GL (34,9%).

Bien que l’incidence de l’enrouement soit faible dans le groupe GKY par rapport au groupe GL, il n’y avait pas de différences significatives (p= 0,80 , 0,48 et 1,00 à 1, 12 et 24 heures respectivement). L’incidence maximale pour l’enrouement est survenue à 1 heure dans les deux groupes et cette incidence va réduisant après avec le temps. L’incidence de la toux est faible dans le groupe GKY que dans celui de GL à 1h et à 12h. Elle est cependant élevée à 24 heures mais ces incidences ne sont pas statistiquement significatives. L’incidence maximale pour la toux est survenue à 1heure dans le groupe GL (27,9%) et à 12 heures dans le groupe GKY (23,3%).

Les effets de l’âge, du genre, de la durée d’intubation sur les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux postopératoires dans les deux groupes sont illustrées dans les tableaux 4,,5,6. L’incidence du mal de gorge est comparable chez les deux sexes dans le groupe du gel lidocaïne (GL) (p=0.72) mais est sensiblement supérieure chez les femmes (55,6%) que chez les hommes (18,8%) dans le groupe du gel KY (GKY) (p = 0.02). Chez les patients de plus de 30 ans, les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux sont similaires dans les deux groupes (p=0,44 , 0,61 et 0,12 respectivement). Alors que chez les patients âgés de 30 ans ou moins, l’incidence du mal de gorge est similaire dans les deux groupes, les incidences de l’enrouement et de la toux sont sensiblement supérieures dans le groupe GL que dans le groupe GKY (p=0,01 et 0,02 respectivement). Les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux sont similaires dans les deux groupes quelque soit la durée d’intubation endotrachéale. La satisfaction des patients dans les deux groupes est similaire (p = 0,55).

DISCUSSION

Les conclusions de cette étude révèlent que 2% du gel lidocaïne n’offre aucun avantage sur le gel KY dans la prévention des complications postopératoires des voies respiratoires. Le gel KY est associé à des moyennes sensiblement faibles pour le mal de gorge à 12 heures postopératoire en comparaison au groupe du gel lidocaïne. Les incidences du mal de gorge à 1, 12 et 24 heures après intervention chirurgicale sont faibles dans le groupe du gel KY en comparaison au groupe du gel lidocaïne.

Certes les différences ne sont pas statistiquement significatives, mais une étude comportant un grand nombre de patients serait à mesure de montrer quelques différences significatives entre les deux.

Selvaraj et Dhanpal13 comparent le gel stéroïde au gel lidocaïne et à un groupe témoin qui n’a rien d’appliquer à la sonde et trouvent que l’incidence du mal de gorge est de 33,3% dans le groupe du gel stéroïde contre 73,3% dans les deux autres groupes. Ils rapportent que l’incidence de la toux et de l’enrouement est de 23,3% dans le groupe du gel stéroïde, 63,3% dans le groupe du gel lidocaïne et 50% dans le groupe de témoin. Leur étude révèle aussi que le gel lidocaïne augmente l’incidence de ces symptômes en comparaison au groupe témoin et démontre que le gel stéroïde réduit l’incidence des symptômes de manière significative en comparaison avec le gel lidocaïne. De conclusions similaires sont rapportées par Kori et ses collègues10 qui étudient l’influence de la lubrification avec le gel lidocaïne du ballonnet de la sonde

endotrachéale sur le mal de gorge et l’enrouement postopératoires. Leurs conclusions révèlent que le gel lidocaïne renforce la sévérité du mal de gorge par rapport au groupe de non-intervention en accord avec le rapport de Selvaraj et Dhanpal13, et que la lidocaïne pulvérisée sur la trachée ne réduit pas le mal de gorge postopératoire. McHardy et Chung14 résument l’effet de la lidocaïne sur les complications postopératoires liées aux voies respiratoires dans leur critique sur le mal de gorge postopératoire où ils notent qu’aucune étude n’a de manière catégorique démontré que l’usage du gel lubrifiant contenant une anesthésie locale est bénéfique dans la réduction du mal de gorge postopératoire après l’intubation trachéale.

Kazemi et Amini4 étudient les effets du gel bétaméthasone dans la réduction des complications liées aux voies respiratoires après une anesthésie endotrachéale en utilisant le gel KY comme témoin. Ils rapportent une réduction significative dans l’incidence et la sévérité du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux postopératoires dans le groupe du gel bétaméthasone par rapport à celui du gel K-Y. D’autres chercheurs rapportent le même effet bénéfique concernant béthaméthasone et d’autres stéroïdes avec leurs préparations inhalatoires13,15,16. Le gel stéroïde s’est avéré très supérieur au gel d’anesthésie locale à cause des propriétés anti-inflammatoires mais les stéroïdes n’éliminent pas toutes les complications liées à la gorge. Ceci indique que les facteurs causatifs des complications liées à la gorge sont multi-factoriels. Ces autres facteurs doivent donc être élucidés afin de trouver des mesures visant à les réduire.

Nous mettons l’ensemble des incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux suite à une anesthésie endotrachéale après lubrification de la sonde endotrachéale avec le gel lidocaïne à 34,9%, 25,6%, 27,9% respectivement et avec le gel K-Y à 16,3%, 23,3% et 18,6% respectivement. Après intubation trachéale, l’incidence du mal de gorge varie de 14,4% à 50%14. L’incidence que nous rapportons est basse par rapport à celle rapportée par Maruyama et ses collègues7 qui ont fait une étude avec 418 patients adultes en chirurgie et évalué les possibles facteurs associés au mal de gorge et à l’enrouement après une anesthésie intraveineuse totale. Ils font part d’une incidence totale de 50% et 55% pour le mal de gorge et l’enrouement respectivement. Des interventions chirurgicales de la tête et du cou réputés être associées au mouvement du tube durant l’opération et de ce fait augmentant les risques de complications postopératoires des voies respiratoires sont inclues dans leur étude.

Nos incidences sont comparables à celles rapportées par Edomwonyi et ses collègues5 pour le mal de gorge (31%), la toux (22%) et l’enrouement (9.5%) dans leur étude de 200 patients adultes qui se sont présentés consécutivement pour une intervention chirurgicale. Cependant, certains cas associés à des facteurs à risque connus des complications postopératoires des voies respiratoires parmi lesquels l’usage des sondes gastriques, les packs pharyngés, les interventions chirurgicales de la tête et du cou sont inclus dans leurs séries. Leurs critères d’exclusion sont les patients avec un mal de gorge préopératoire ou des complications liées à la gorge.

Notre étude montre que de manière significative, plus de femmes souffrent du mal de gorge que d’hommes dans les deux groupes d’études même si des sondes ID de petites dimensions 7,00mm sont utilisées chez les femmes alors que des sondes ID de grandes dimensions 8,00mm sont utilisés chez les hommes. Cette observation corrobore des études antérieures qui montrent que le genre féminin est plus exposé aux complications postopératoires des voies respiratoires17,18. Ceci est attribué à la sonde souvent d’une coupe un peu ajustée chez les femmes 14,19.

Notre étude a quelques limites. La taille de l’échantillon utilisée dans cette étude est petite et ceci limite l’importance statistique de quelques-unes de nos conclusions. La pression de gonflage du ballonnet de la sonde endotrachéale n’a pas pu être mesurée dans cette étude par manque d’équipements appropriés. Une pression de gonflage constante n’a donc pas pu être maintenue et pourrait être source d’erreur. L’analgésie postopératoire utilisée aussi n’était pas standardisée et pourrait influencer la perception et la déclaration des maladies postopératoires des voies respiratoires.

En conclusion, cette étude démontre que le gel K-Y est supérieur au gel lidocaïne dans la prévention du mal de gorge postopératoire et réduit l’incidence de l’enrouement et de la toux surtout chez les jeunes adultes. Le gel lidocaïne est associé à une incidence élevée des maladies de gorge postopératoires. Cette étude confirme aussi que les maladies de gorge postopératoires sont plus courantes chez les femmes que chez les hommes.

RÉFÉRENCES

  1. Kolawole IK, Ishaq MS. Plaintes respiratoires post-anesthésiques après anesthésie endotrachéale en baisse obstétrique et la chirurgie abdominale gynécologie. Nig J. Clinique Pract 2008 ; 11 : 225 230
  2. Sumathi PA, Shenoy T, Ambareesha M, Krishna HM. Comparaison contrôlée entre bétaméthasone gel de lidocaïne et de gelée appliqué sur le tube trachéal à réduire postopératoire de gorge, toux et enrouement de la voix. Br J. Anaesth 2008 ; 100 : 215 à 218.
  3. Scuderi PE. Le mal de gorge postopératoires : plus de réponses que de questions. Anesth ANALG 2010 ; 111 : 831 à 832
  4. Kezemi A, Amini A. L’effet de gel bethamethasone dans la réduction des maux de gorge, toux et enrouement après intubation laryngo-trachéale. Moyen-Orient J anesthésiolo 2007 ;19 : 197-204
  5. Edomwonyi NP, Ekere IT, Omo E, Rupasinghe A. Les complications postopératoires après gorge intubation trachéale. Ann Med Afr 2006 ; 5 : 28 à 32
  6. El Hakin M. Beclomethasone empêche le mal de gorge postopératoire. Acta Anaesth Scand 1993 ; 37 : 250 à 252
  7. Honarmand A, Safavi M. Bethamethazone inhalateur ou intraveineuse de lidocaïne dans la prévention des postopératoire des voies aériennes et les plaintes de gorge : un essai randomisé et contrôle. Ann Med Arabie 2008 ; 28 : 11 à 16.
  8. Canbay O, Celebi N, Sahin A, Celiker V, Ozgen, Aypar U. La kétamine se gargariser pour atténuer le mal de gorge postopératoire. Br J Anaesth 2008 ; 100 : 490 à 493
  9. Biro P, Seifert B, Pasch T. Plaintes de maux de gorge après intubation trachéale : une évaluation prospective. Eur J de Anaesthesiol 2005 ; 22 : 307 à 311
  10. Kori K, Murantani T, Tatsumi S, Minami T. Influence de la lubrification du tube une son de endotrachéale sur le mal de gorge postopératoire et l’enrouement. Masui 2009 ; 58 : 342 à 345.
  11. Takekawa K, Yoshimi S, Kinoshita Y. Les effets de la lidocaïne intraveineuse avant l’intubation sur les symptômes des voies respiratoires postopératoires. J Anesth 2006 ; 20 :44 à 47
  12. Honma K, M Kamachi, Akamatsu Y, M Yoshioka, Yamashita N. pulvérisation de lidocaïne 10 min avant l’intubation : les effets sur le mal de gorge postopératoire. J Anesth 2010 ; 24 : 962 à 965
  13. Selvaraj T, Dhanpal R. L’évaluation de l’application de stéroïdes topiques sur la sonde endotrachéale dans la rédaction post-opératioire des maux de gorge. J Clin Anaesth Pharmacol 2002 ; 18 : 167 à 170
  14. McHardy FE, Chung F. Le mal de gorge postopératoire douloureux : les causes, la prévention et le traitement. Anesthésie 1999 ; 54 : 444 à 453
  15. Tazeh-kand NF, Eslami B, Mohammadian K. Inhalation propionate de fluticasone réduit postopératoire de gorge, toux, et l’enrouement. Anesth Analg 2010 ; 111 : 895 à 898.
  16. Ayoub MC, Ghobashy A, McGrimley L, Koch ME, Qadir S, Silverman DG. L’application à grande échelle de steroids topiques pour diminuer le mal de gorge, l’enrouement et la toux après l’intubation endotrachéale. Anesth Analg 1998 ; 87 : 714 à 716
  17. Higgins PP, Chung F, Mezei G. La gorge endolorie postopératoire après une chirurgie ambulatoire. Br J Anaesth 2002 ; 88 : 582 à 584
  18. Ahmed A, Abbasi S, Ghafoor HB, Ishaq M. Gorge postopératoire douloureux après interventions chirurgicales non urgentes. J Med Ayoub Coll Abbottabad 2007 ; 19 : 12 à 14
  19. Zuccherelli L. Postopératoires problèmes des voies respiratoires supérieures. Sajaa 2003 ; 9 : 12 à 16

Tableau 1: Caractéristique démographiques, le nombre de tentatives d’intubation, et la durée de l’intubation pour les deux groupes

Characteristics

Lidocaine

K-Y

p – value

Age (years)

42.40 ± 15.74

41.07 ± 12.29

0.66

Weight (kg)

66.84 ± 13.87

70.05 ± 13.48

0.28

No. of intubation attempts

1.30 ± 0.71

1.09 ± 0.29

0.08

Duration of intubation (mins)

138.74 ± 44.33

136.67 ± 55.67

0.85

Tableau 2: Mean scores for sore throat, hoarseness and cough/ Moyennes du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux

Time after extubation. (hrs)

Lidocaine

K-Y

p – value

Sore throat score

1 hr

 

0.42 ± 0.73

 

0.28 ± 0.55

 

0.32

12 hrs

0.49 ± 0.80

0.16 ± 0.37

0.02†

24 hrs

0.28 ± 0.60

0.12 ± 0.32

0.12

Hoarseness score

 

 

 

1 hr

0.30 ± 0.56

0.33 ± 0.64

0.86

12 hrs

0.24 ± 0.62

0.12 ± 0.32

0.26

24 hrs

0.05 ± 0.21

0.05 ± 0.21

1.00

Cough score

 

 

 

1 hr

0.33 ± 0.57

0.21 ± 0.47

0.30

12 hrs

0.33 ± 0.61

0.28 ± 0.55

0.71

24 hrs

0.14 ± 0.47

0.21 ± 0.41

0.46

Tableau 3: Les incidences du mal de gorge, de l’enrouement et de la toux à 1h, 12h et 24 après l’opération

 

Sore throat

 

 

Lidocaine Jelly

K-Y Jelly

 

Time after extubation. (hrs)

Yes

No

Yes

No

p-value

1

13 (30.2%)

30 (69.8%)

10 (23.3%)

33 (76.7%)

0.47

12

15 (34.9%)

28 (65.1%)

7 (16.3%)

36 (83.7%)

0.05

24

9 (20.9%)

34 (79.1%)

5 (11.6%)

38 (88.4%)

0.24

 

Hoarseness

 

 

Lidocaine Jelly

K-Y Jelly

 

Hours

Yes

No

Yes

No

p-value

1

11(25.6%)

32(74.4%)

10(23.3%)

33(76.7%)

0.80

12

7(16.7%)

35(83.3%)

5(11.6%)

38(88.4%)

0.48

24

2(4.7%)

41(95.3%)

2(4.7%)

41(95.3%)

1.00

 

Cough

 

 

Lidocaine Jelly

K-Y Jelly

 

Hours

Yes

No

Yes

No

p-value

1

12(27.9%)

31(72.1%)

8(18.6%)

35(81.4%)

0.31

12

11(25.6%)

32(74.4%)

10(23.3%)

33(76.7%)

0.80

24

4(9.3%)

39(90.7%)

9(20.9%)

34(79.1%)

0.13

Tableau 4: Les effets d’âge, de genre et de durée l’intubation sur le mal de gorge postopératoire

 

 

 

Number

No                   Yes

p – value

Age (years)         

> 30

L

 

33

 

17 (51.5%)

 

16 (48.5%)

 

0.44

 

 

0.26

 

 

 

K-Y

≤ 30

L

K-Y

26

 

10

17

16 (61.5%)

 

8 (80.0%)

10 (58.8%)

10 (38.5%)

 

2 (20.0%)

7 (41.2%)

 

Gender

L

Male

Female

K-Y

Male

 

14

29

 

16

 

9 (64.3%)

17 (58.6%)

 

13 (81.2%)

 

5 (35.7%)

12 (41.4%)

 

3 (18.8%)

 

0.72

 

 

0.02†

 

Female

27

12 (44.4%)

15 (55.6%)

 

Duration of intubation

(minutes)

> 60 min

L

K-Y

 

39

40

 

24 (61.5%)

22 (55.0%)

 

15 (38.5%)

18 (45.0%)

 

0.56

 

 

0.15

 

 

≤ 60 min

L

K-Y

 

4

3

 

2 (50.0%)

3 (100%)

 

 

2 (50.0%)

0 (0%)

†- Statistically   significant

  - Not statistically significant

Tableau 5: Les effets d’âge, de genre et de durée l’intubation sur l’enrouement postopératoire

 

 

Number

No

Yes

p – value

Age  (years)        

> 30

L

K-Y

 

33

26

 

24 (72.7%)

19 (73.1%)

 

9 (27.3%)

7 (26.9%)

 

0.61

 

 

0.01

 

≤ 30

L

K-Y

 

10

17

 

3 (30.0%)

14 (82.4%)

 

 

7 (70.0%)

3 (17.6%)

Gender

L

Male

Female

K-Y

Male

 

14

29

 

16

 

8 (57.1%)

15 (51.7%)

 

12 (75.0%)

 

6 (42.9%)

14 (48.3%)

 

4 (25.0%)

 

0.74

 

 

0.11

 

Female

 

27

25 (92.6%)

2 (7.4%)

Duration of intubation

(minutes)

> 60 min

L

K-Y

 

39

40

 

25 (64.1%)

29 (72.5%)

 

14 (35.9%)

11 (27.5%)

 

0.42

 

 

≤ 60 min

L

K-Y

 

4

3

3 (75.0%)

3 (100%)

 

1 (25.0%)

0 (0%)

0.35

Tableau 6: Les effets d’âge, de genre et de durée l’intubation sur la toux postopératoire

 

 

Number

No

Yes

p – value

Age (years)

> 30

L

K-Y

 

33

26

 

23(69.7%)

13(50.0%)

 

10(30.3%)

13(50.0%)

 

0.12

 

 

0.02

 

≤ 30

L

K-Y

 

10

17

 

4(40.0%)

14(82.4%)

     

6(60.0%)

3(17.6%)

 

Gender

L

Male

Female

K-Y

Male

 

14

29

 

16

 

7(50.0%)

18(62.1%)

 

13(81.2%)

 

7(50.0%)

11(37.9%)

 

3(18.8%)

 

0.45

 

 

0.14

 

Female

27

16(59.3%)

11(40.7%)

 

Duration of intubation

> 60 min

L

K-Y

≤ 60 min

L

K-Y

 

39

40

 

4

3

 

 

26(66.7%)

24(60.0%)

 

2(50.0%)

2(66.7%)

 

13(33.3%)

16(40.0%)

 

2(50.0%)

1(33.3%)

 

0.54

 

 

0.66

 

Figure 1: La distribution en sexes des patients


p = 0.65

Figure 2: Le type d’interventions chirurgicales effectuées sur les patients

<<< Back to Contents of Vol. 1 No.3