TRAUMATISMES LIES AU CONFLIT ARME DE BOKO HARAM DANS LE SUD-EST DU NIGER
Sani R1, Adamou H2*, Daddy H3, Amadou Magagi I2, Abdoulaye MB4 , James Didier L1, Garba I1, Idé K1, Hama Y1, Sanoussi S1.
1Département de Chirurgie et Spécialités Chirurgicales, Hôpital National de Niamey,
Faculté des Sciences de la Santé, Université Abdou Moumouni de Niamey, Niger.
2Département de Chirurgie, Hôpital National de Zinder, Faculté des Sciences de la Santé,
Université de Zinder, Niger.
3Département d'anesthésie et de soins intensifs, Faculté des Sciences de la Santé
Université Abdou Moumouni de Niamey, Niger.
4Département de Chirurgie, Hôpital Régional de Diffa, Niger.
*Auteur Correspondant: Harissou ADAMOU. E-mail: harissou1976@yahoo.fr ;
Sources de subvention: aucune
Conflit d'intérêts: Aucun
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Introduction: De nos jours, les blessures liés à la guerre, au terrorisme, à la criminalité sont en constante augmentation et constituent un problème majeur de santé publique dans le monde.
Objectif: Présenter les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des blessures observées lors de l'insurrection de Boko Haram (BH) dans le sud-est de la République du Niger.
Méthodologie: Il s’agissait d’une étude transversale allant de décembre 2014 à mars à avril 2016 à l'hôpital régional de Diffa. Nous avons inclus les patients qui ont été pris en charge pour des blessures liées aux conflit armé de Boko Haram.
Résultats: Durant la période cette étude, 573 blessés dus à l’insurrection de Boko Haram ont été pris en charge à l'Hôpital Régional (CHR) de Diffa. La majorité était de sexe masculin avec 89,5% (n = 513) et les femmes représentaient 10,5% (n=60); ce qui donne un sex-ratio à 8,55. L'âge moyen ± l'écart type était de 30,94 ± 24,91 ans. Les victimes civiles représentaient 66,1% (n=379) tandis les soldats nigériens comptaient 27,9% (n=160) et 5,9% (n=34) des cas étaient des combattants de Boko Haram. Les blessures par armes à feu, les explosifs et les armes traditionnelles représentaient respectivement 85,3% (n=489), 1,2%(n=7) et 7,3%(n=42). Les lésions aux membres représentent 63% des cas (n=361) et les polytraumatismes, 11,34% des cas (n=65). Les principales interventions chirurgicales réalisées étaient le parage des plaies dans 71,4% (n=409), le fixateur externe des os dans 6,6% (n=38), la laparotomie dans 5,2% (n=30), le drainage thoracique dans 4,7% (n=27) et l’amputation majeure du membre dans 2,3% (n=13 cas). Le suivi postopératoire était simple dans 80,28% (n=460) des cas et la mortalité globale était de 5,1% (n=29). Les facteurs prédictifs de décès après une blessure de guerre dans cette étude étaient: les patients civils (OR=3,35 [1,15-9,78], p=0,018) ; les lésions localisées au niveau de la tête, du cou, du tronc ou du rachis (3.45 [1.58-7.58], p=0.001) et le polytraumatisme (OR = 17.30 [7.72-38.80], p<0.0001).
Conclusion: Cette étude a montré que les blessures enregistrées lors de l'insurrection de Boko Haram au Niger étaient principalement étaient causées par les projectiles, les expositions et l'utilisation d'armes traditionnelles. Elles affectaient principalement les civils jeunes et de sexe masculin. Les extrémités étaient les régions du corps les plus touchées, avec principalement des lésions des tissus mous. Le parage des plaies était l'intervention chirurgicale la plus réalisée et le taux de mortalité était de 5,1%. Les facteurs associés à la mortalité étaient des patients civils, la présence des lésions multiples à l'admission et des blessures à la tête, au cou, au tronc ou à la colonne vertébrale . Le CICR a joué un rôle important dans le renforcement de notre hôpital, la prise en charge des victimes, la fourniture de ressources matérielles et la formation continue du personnel soignant.
Mots clés: Conflit armé de Boko Haram, Blessures par projectiles, explosions, extrémités, jeunes hommes. Insurrection, blessures par missiles, explosions, extrémités, jeunes hommes.
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